par Gilles SENTOST


 

INTERVIEW DE GILLES THIRIET 
30 Juin 2000 Carcassonne


1. Gilles THIRIET, capitaine depuis maintenant 3 années, as-tu toujours la rage de vaincre ?

Je l’ai toujours eu, notamment la première année, encore plus la deuxième, et aujourd’hui elle est triplée. C’est encore plus fort parce que j’ai des titres à remettre en jeu, et mon souhait est d’en gagner 4. La rage est toujours là, et même plus.

 

2. Le rôle de Reynald MULLER au niveau du staff « Equipe de France »?

Reynald a un rôle d’adjoint. Il me suit depuis très longtemps en France et à l’étranger dans tous les stages et ce pour plusieurs raisons: d’abord pour se former parce qu ‘il aime ça, il a un tempérament pour ça, et je pense qu’ensemble on forme une bonne équipe.

C’est aussi pour permettre de mettre mon chien en Equipe de France, en épreuve Individuelle aux Championnats du Monde. Dans ce cas-là, quand je passerai avec mon chien, il me donnera un coup de main au « coatching » et toujours à haut niveau.

 

3. Le rôle de Sylvie MULLER au niveau du staff « Equipe de France »?

C’est un rôle que l’on croit simple de secrétaire mais en définitive c’est beaucoup plus compliqué que ça. Dans les stages de l’Equipe de France comme celui d’aujourd’hui, elle anticipe mes pensées ou mes remarques vis à vis des gens. Je n’ai pas le temps de lui dire telle ou telle faute qu’elle l’a déjà inscrite. On se connaît parfaitement sur les corrections à apporter ce qui fait qu’elle me seconde bien au niveau des annotations. Elle a aussi des yeux et surtout le petit truc en plus qu’on les agilitistes, même si elle ne pratique pas.

Lors d’un Championnat du Monde elle a un rôle primordial : par exemple, lors des épreuves par équipes, elle note tous les temps et les pénalités de toutes les équipes en compétition, ce qui fait qu’elle peut me renseigner à tout moment et le plus précisement possible, et ainsi mettre en confiance nos compétiteurs.

Un simple regard avec elle me suffit, on se comprend à distance, notamment l’an dernier à Dortmund où autant en Mini qu’en Standard elle a joué un rôle de tout premier plan dans l’obtention de nos titres.

 

4. Y a t’il beaucoup de Nations qui présentent aux Championnats du Monde un staff technique aussi organisé?

Je ne sais pas si beaucoup font comme nous, par contre je sais qu’on a été très remarqué à ce niveau-là notamment par l’Italie qui nous a interviewé. On leur a expliqué certaines choses sans tout divulguer. Révéler un point de vue tel que « comment travailler » est tout à fait possible, mais ça ne veut pas dire qu’ils sauront l’appliquer.

 

5. Penses-tu que l’éloignement des Championnats du Monde cette année (en Finlande) soit un gros handicap pour l’Equipe de France?

C’est un point faible à tous niveaux : au niveau des supporters, on avait l’an passé 150 tricolores qui nous poussaient vers cette victoire et grâce à eux l’Equipe a réussi de belles choses.

Cette année, ils seront moins nombreux car c’est très loin, ça coûte très cher, mais rien que de savoir qu’ils vont être avec nous par la pensée ou par Internet, parce que je pense que ça va être suivi de très près par mon ami Gilles SENTOST et par d’autres, nous aurons à cœur de leur faire plaisir et de compenser ce déficit sur le terrain.

 

6. Peut t’on te retrouver à la tête de l’Equipe de France 2001 l’an prochain au Portugal ?

On peut, mais je ne suis pas seul à décider. Mes résultats en Finlande y seront pour beaucoup, la CNEA décidera, et en dernier lieu, je donnerai mon accord ou mon retrait. Pour l’instant, je suis dans la continuité, un battant avec une équipe de battants, c’est un challenge qui me plait, qui se passe bien et on va continuer dans cette lignée.

 

7. En rapport aux pré-sélectionnés de ce week-end, de combien de compétiteurs l’Equipe définitive va t’elle se composer?

En mini, sur 6 pré-sélectionnés, j’en garde 4, comme l’année dernière. 2 voire 3 concourront en Individuel, je n’ai pas encore déterminé.

En standard, sur 9 pré-sélectionnés, j’en garde 7 dont Christine CHARPENTIER sélectionnée d’office en Individuel en tant que Championne du Monde en titre.

 

8. Comment sélectionnes-tu les membres de l’Equipe de France ?

Ma stratégie consiste à garder une ossature d’expérience qui fonctionne bien, dont quelques chiens commencent malheureusement à vieillir, le chien de Reynald MULLER a été retiré d’office l’année dernière par exemple. On a besoin de pousser et de motiver les anciens avec du sang neuf, et j’ai détecté quelques jeunes en France qui méritent une place dans l’Equipe de France, à eux de se défoncer lors des stages de pré-sélection et je les amènerai au haut niveau, c’est mon souhait.

Certains anciens vont rester en Equipe de France, mais ce n’est pas parce qu’ils sont pré-sélectionnés qu’ils seront obligatoirement titulaires dans quelques semaines. Ils doivent eux aussi se battre car les temps progressent de plus en plus.

L’expérience d’un maître confirmé qui a fait 3 ou 4 Championnats du Monde pèse quand même dans la balance, bien sûr. Voilà pourquoi je les éprouve actuellement moralement et mentalement : j’ai besoin d’un équipe solide dans sa tête avant tout.

 

9. Quelle est la place du mental dans la préparation de l’Equipe de France ?

70% : c’est à moi de le préparer et je le prépare à ma manière.

René VILLELA et Gilbert COUMES m’avait proposé un préparateur psychologique, ce dont je les remercie encore ici, mais je préfères les préparer à ma manière qui est ce qu’elle est mais qui sera, plus tard, mon empreinte. C’est ma manière de faire, je la conçois comme ça et, vu les résultats, il n’y a aucune raison de changer.

 

10. Concernant les « stars » du groupe France : quel regard portes-tu sur Gérard MOUSSE ?

J’ai un regard 2 fois plus dur pour lui car il est dans mon club (Pacy S/Eure), et à ce titre je ne lui octroie aucun cadeau: il n’est pas plus sûr qu’un autre de faire partie de la prochain sélection. Je ne lui tolère rien, il le sait bien et aujourd’hui encore il en a pris pour son grade.

Jordan a repris la compétition juste ces derniers jours puisqu’il a eu après le Championnat de France en juin, un problème osseux qui a nécessité une manipulation suivie d’un repos complet. Je connais mon équipe à fond, et je sais que Gérard et Jordan manquent de compétition et d’entraînement aujourd’hui, demain il sera mieux et dimanche il sera parfait. Beaucoup de progrès en jumping, on l’a encore vu cet après-midi, notamment grâce à son travail technique.

 

11. Penses-tu que le Ring et l’Agility de haut niveau peuvent faire bon ménage ?

Si le chien supporte le dressage , il n’y a aucun problème.

Ce qui pose problème , c’est le temps. Lucky n’est qu’en Ring II , c’est le manque de week-end.

J’ai fait un campagne 350 en mai dernier que j’ai gagné, avec Piot homme d’attaque ce qui n’est pas rien, lequel me demandait pourquoi je n’étais pas en 500. La réponse est simple, entre mon club, l’Equipe de France, les concours, les stages….

Lucky est en TL et en pistage C, en Obéissance, en Agility de haut niveau, c’est un super chien qui supporte sans problème le dressage mais il me faudrait 12 week-ends par mois.

 

12. Ton meilleur moment d’Agility?

3 moments très forts : Mon premier Championnat d’Europe avec Emir (1995) où je fais 5ème en Individuel et 3ème par équipe, l’an dernier à Dortmund où on a vraiment bien travaillé et le jour où on m’a demandé d’être capitaine de l’Equipe de France.

 

13. Ton pire moment d’Agility?

Le jour où je perdrai Emir, qui m’a rendu au niveau où je suis actuellement en Agility, ET de ne pas avoir gagné de Finale avec Lucky, ce qui ne saurai tarder. Quand on a gagné Chambord, 2ème à Saumur et 2ème aux Championnats de France, on a envie de prouver qu’on est capable de ramener un deuxième chien à haut niveau et un troisième, et un quatrième….

 

14. A l’époque où tu faisais partie de l’Equipe de France en tant que compétiteur, pensais-tu qu’un jour tu accèderai au capitanat ?

Pas du tout. J’y ai pensé quand Claude MANCHE a démissionné de son poste, Emir vieillissait, Lucky n’était encore pas prêt, mon caractère de meneur d’hommes et de coach m’a poussé a accepter dès qu’on me l’a proposé. J’ai l’esprit chef et mon parcours au club de Pacy plaidait également en ma faveur.

 

15. Penses-tu qu’on pourrait faire beaucoup plus pour cette belle Equipe de France d’Agility ?

On peut toujours faire plus. Jean-Paul PETITDIDIER et la CNEA ont déjà acceptés mes desideratas depuis 3 ans, je suis relativement bien suivi et en compensation je ramène les résultats que l’on sait. Mes conditions ont toujours été acceptées, et comme l’a dit Jean-Paul PETITDIDIER, l’Equipe de France est une des rares au Monde a disposer d’un budget, même tout petit. Nous disposons également d’un capital sympathie auprès de beaucoup de bénévoles qui fait que l’on peut s’entraîner et programmer des stages comme ici, à Carcassonne.

Il faut travailler avec ce que l’on a, progresser d’années en années, et grâce de meilleurs résultats demander encore plus.

 

16. Y a t’il une pression particulière en étant Capitaine de l’Equipe de France?

Oui, la première année était un peu pénible à ce niveau-là. Les gens n’avaient pas appris à me connaître et le respect s’est installé que beaucoup plus tard.

Les stages et les Championnats sont particulièrement significatifs, les conducteurs de haut niveau de France et d’ailleurs deviennent très respectueux d’années en années.

 

 

 

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