par Gilles SENTOST


 

MIRA et Sylvain JACQUEMAIN

INTERVIEW DE SYLVAIN JACQUEMAIN
(Villeneuve d'Ascq)
 
02 Juillet 2000 Carcassonne


1. Comment réussir avec un Berger des Pyrénées ?

Il faut beaucoup travailler, surtout que le Berger des Pyrénées est un excellent chien de travail qui demande énormément d'attention, d'être bien canalisé. J'ai mis beaucoup de temps à trouver le mode d'emploi.

2. Mira est-elle ton premier chien d'Agility ?

Oui, Mira est mon premier chien d'Agility même si j'ai eu d'autres chiens avant. J'ai commencé par l'obéissance avec Mira il y a 3 ans, sur les conseils de mon éleveuse qui m'a averti que le Berger des Pyrénées était un chien à caractère fort.
J'ai été bien formé dans un club d'éducation, j'ai fait confiance à par mal de personnes qui m'ont aidé, puis j'ai progressé, progressé, notamment en concours et surtout grâce au chien exceptionnel qu'est Mira.

3. As-tu toujours cette même fougue dans ta conduite ?

Ce qui m'intéresse dans le relationnel maître/chien, c'est l'éclate. J'adore aller le plus vite possible et avoir une conduite très proche du chien, courir avec elle, la motiver à l'extrême, et cela quel que soit le concours.
Mira fait son boulot, j'essaye de faire le mien.

4. Depuis combien de temps es-tu en Equipe de France ?

C'est ma deuxième sélection cette année. J'ai été pré-sélectionné puis sélectionné pour Dortmund en 1999, et j'espère que ça va marcher cette année encore. 

5. Ton souvenir des Championnats du Monde à Dortmund en 1999 ?

J'en garde un excellent souvenir. C'était ma première grande compétition internationale et c'était réellement extraordinaire : les supporters, l'ambiance, la salle, les gens, et puis le résultat. L'Equipe de France a fait un boulot magnifique.
Personnellement, je peux me reprocher certaines petites choses que j'ai corrigé maintenant au niveau de la gestion des grands moments. Je me suis retrouvé premier sur la première épreuve (le jumping), et la pression vient toute seule même si tu veux pas l'avoir. Tu passes en plus dernier le lendemain et ça été très dur pour moi, je n'ai pas su le gérer, et c'est entièrement de ma faute si on n'est pas Champion du Monde Individuel Mini. On avait vraiment la possibilité de le faire, mais j'ai pas su être à 100 %, le manque d'expérience, sans doute.  

6. En Equipe, vous avez réalisé un carton plein (champions du Monde Mini) ?

Oui, et j'en profite pour remercier encore mes compatriotes de l'année passée. Je fais une faute de pointe dès la première épreuve et ainsi je manges le joker, et ils font derrière 3 parcours sans fautes. Sur le jumping du lendemain, j'avais un rôle hyper important et c'était hyper dur à gérer. J'ai beaucoup pris sur moi, je me suis bien concentré et c'est passé.

7. Que penses-tu de cette première ossature de l'Equipe de France 2000 ?

Gilles THIRIET a été égal à lui-même, c'est-à-dire qu'il a choisi des chiens dans l'optique de faire du mieux possible à Helsinki. Tous les chiens sont bons, tous les conducteurs conduisent correctement, c'est la façon dont tu gères tout ça physiquement et psychologiquement qui va faire la différence. Ce sera super pour certains, et dur pour d'autres. On a pourtant tous donné le meilleur de nous-mêmes, Gilles nous pousse dans nos retranchements les plus bas possibles pour tester ce qu'on a dans les tripes.

8. Accordes-tu une place importante à ta préparation physique ?

J'ai arrêté de fumer, j'ai fait pas mal de squash pendant une année avec mon pote Olivier ADYNS, mais malheureusement il s'est fait une petite déchirure. On a bien bossé là-dessus, j'avais besoin de faire un sport très vif, très physique, sur des moments très courts, et toujours gagner en relance. J'ai remarqué qu'avec Mira, même si ce n'est pas le chien le plus rapide du monde, il faut que je l'avais vraiment, et le fait d'avoir une bonne relance derrière fait souvent la différence. Elle adore ça, elle m'aime beaucoup aussi, elle veut participer au jeu à fond et elle y met du sien.
Je suis physique dans ma conduite parce que j'aime ça, j'aime être proche du chien, j'aime courir, je suis un puncheur.

9. Travailles-tu dans d'autres disciplines avec Mira ?

J'ai pas l'occasion de faire autre chose. Je vais de temps en temps faire un peu de travail sur mouton, malgré l'emploi du temps professionnel très serré. Mira est un chien de travail dans le pur sens du terme, tu lui ferais faire n'importe quoi, dès que c'est intéressant et bien fait, il n'y a pas de problème.

10. Conduiras-tu un border un jour ?

C'est une bonne question. J'ai découvert le border-collie avec Lagune, le chien de Nathalie, ma compagne. C'est un chien d'enfer, quand il faut y aller, il y va, quand il faut être calme, il est calme. C'est une race qui me plait beaucoup et, plus tard, je pense que je relèverai ce challenge.

11. Ton amie est également agilitiste je crois ?

Bien sur, Nathalie a été pré-sélectionnée l'an passé avec Lagune et fait chaque année des Finales Nationales. C'est un très très bon chien qui demande a être conduit à 110 % pour gagner, et vue la concurrence dans sa catégorie, elle manque un tout petit peu de physique à mon avis, mais elle a un relationnel avec son chien que beaucoup d'agilitiste pourraient envier. Elle travaille tout en douceur, sans brusquerie, bref, de manière très féminine et ça marche hyper bien.
Avec moi, Lagune n'est sûrement pas plus rapide mais elle a plus de relances. 
Nathalie m'a ouvert les yeux sur la façon de gérer le quotidien avec le chien, et pour ça aussi je lui doit beaucoup. 

12. Gérer son stress, primordial ou pas ?

Je suis persuadé que c'est hyper-primordial vu que c'est mon problème des Championnats du Monde à Dortmund. Je suis parti au parcours à zone avec un coeur à 500, et j'ai perdu beaucoup de mes moyens; le chien le ressent énormément et ça la met elle aussi sous pression. Dans ces cas-là, on est sur le fil du rasoir et ça peut passer comme ça peut ne pas passer. Le gros progrès de cette année, c'est la gestion de tout ça, grâce à l'expérience et à la confiance.

13. Gilles THIRIET me disait hier que la gestion du mental entrait à 70% dans ses choix de compétiteurs, qu'en penses-tu  ?

Il a raison parce que les bons chiens, on les a. On peut rivaliser sans problème avec les chiens des autres nations tant sur la vitesse, que sur la technique. Par contre, le mental c'est le petit plus de l'Equipe de France.
Gilles nous met la pression à sa façon, on n'est jamais bons, on est moyens, et on doit toujours faire mieux et c'est comme ça de toute façon que l'on progresse.

14. J'ai vu à la soirée de Pacy, au mois de mars, que vous aimiez à vous retrouver et à faire la fête au sein de cette Equipe de France, vrai ?

Bien sur, j'aime les gens, le relationnel, les amis, qu'on soit ensemble et qu'on s'éclate. Ca fait partie du jeu et le lendemain même si on est bien fatigué, on en tire beaucoup de plaisir de toute façon...

 

 

 

 

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